La thalassémie est une maladie héréditaire due à un défaut de synthèse de l’hémoglobine.
L’hémoglobine est un pigment contenu dans les globules rouges qui se lie :
- À l’oxygène,
- Au dioxyde de carbone.
Ce lien permet aux globules rouges de transporter l’oxygène aux cellules et le dioxyde de carbone aux poumons.
L’hémoglobine contient deux chaînes alpha et deux chaînes bêta liées entre elles.
Il est fondamental que les quantités de chaînes globiniques alpha et de celles bêta sont identiques dans les globules rouges (érythrocytes) pour le bon fonctionnement et la survie de ces cellules.
Le manque de chaînes d’hémoglobine alpha provoque une accumulation d’hémoglobine bêta dans les globules rouges et vice versa. La conséquence est la formation de précipités (groupes de chaînes) qui peuvent endommager les érythrocytes.
Ces groupes s’oxydent et peuvent provoquer :
- L’hémolyse (la mort du globule rouge) car ils endommagent la membrane cellulaire,
- L’érythropoïèse (le processus de formation des globules rouges) inefficace.
La gravité de la maladie dépend du déséquilibre entre les quantités des chaînes globiniques.
Décours et conséquences de la thalassémie
La chute de globules rouges provoque l’anémie et l’organisme essaie de compenser cette situation à travers l’augmentation de l’absorption de fer dans les aliments.
La rate filtre les érythrocytes et ensuite les détruit.
Les conséquences de la thalassémie sur la rate sont :
- Une surcharge,
- La splénomégalie (l’augmentation de la taille de l’organe).
Avec le temps la rate enflée retient également les globules blancs et les plaquettes.
Les conséquences peuvent être :
- Des infections,
- Des hémorragies.
Parmi les complications de la thalassémie il y a :
- L’anoxie (le manque d’oxygène dans les cellules),
- Un retard de croissance chez les enfants et un retard du développement pubertaire,
- Les calculs biliaires, la production excessive de bilirubine à cause de l’hémolyse chronique est nécessaire à la formation de calculs biliares.
- Des altérations osseuses et l’ostéoporose à cause du gonflement et l’hyperactivité de la moelle osseuse (qui se trouve dans les os).
L’expansion de la moelle osseuse provoque la déchirure de la région corticale de l’os et parmi les conséquences il y a une néoformation osseuse : le « crâne en poil de brosse ».
La nécessité de transfusions de sang provoque une accumulation de fer. Le corps a besoin du fer, mais un atome de fer libre provoque la formation de radicaux libres qui sont toxiques pour l’organisme.
Dans le corps le fer se lie toujours aux protéines : la ferritine, la transferrine, etc.
Lorsque ces protéines sont saturées de fer, ce métal s’accumule dans les organes :
- Le foie (le premier organe touché) peut provoquer une hépatite chronique et une cirrhose,
- Le cœur (lorsque le foie est déjà saturé) provoque l’arythmie et une insuffisance cardiaque,
- Les glandes, les conséquences peuvent être l’hypogonadisme, l’hyperthyroïdie, le diabète, l’hypoparathyroïdie. Source : Borgna-Pignatti C (Department of Clinical and Experimental Medicine, University of Ferrara and Division of Pediatrics, Arcispedale Sant’Anna, Via Savonarola 9, 44100, Ferrara, Italy).
La mort se produit en raison de la cardiopathie, pas à cause de l’hépatopathie, car une petite quantité de fer suffit à altérer la conduction nerveuse du cœur.
Comment la thalassémie se transmet-elle ?
La cause de la thalassémie est toujours génétique : il s’agit d’une maladie autosomique récessive. Un ou les deux parents sont porteurs sains de la maladie.
Leurs gènes peuvent être transmis à leurs enfants.
Classification de la thalassémie
Il existe deux types de chaînes globiniques : les chaînes alpha et les chaînes bêta.
Alpha |
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Bêta |
|
Alpha-thalassémie
La thalassémie alpha provoque un excès en chaînes bêta de la globine qui provoque la formation de tétramères de chaînes bêta (β4), cette maladie s’appelle hémoglobinose H. Les tétramères β4 sont solubles, mais en cas d’oxydation ils peuvent provoquer l’hémolyse.
La maladie par hémoglobine H – Constant Spring est une forme grave de ce trouble hémolytique.
La thalassémie la plus sévère est la thalassémie alpha majeure où le fœtus ne produit pas de chaînes alpha : cela est incompatible avec la vie.
Les gènes de l’alpha-globine se trouvent sur le chromosome 16.
La chaîne alpha de l’hémoglobine se constitue de quatre sous-unités globulaires. Chaque sous-unité est codifiée par un gène différent dans le chromosome.
Les symptômes et les complications de la maladie dépendent du nombre de gènes absents ou de ceux mutés :
- En cas de deux gènes anormaux (ou absents), on assiste à une thalassémie de type alpha (ou thalassémie mineure). Cette pathologie cause une légère anémie.
- En cas de trois gènes mutés ou trois gènes manquants, le patient développe l’hémoglobinose H (qui peut être diagnostiquée à l’aide d’analyses de sang). Cette forme de thalassémie provoque une anémie modérée ou grave.
- Si tous les gènes manquent ou ont subi des mutations, la thalassémie est très grave et on a un décès in utero du bébé ou la mort se passe peu après la naissance.
L’enfant hérite de quatre gènes de l’alpha-globine (deux de chacun de ses parents).
L’enfant de deux individus atteints de trait thalassémique (les deux parents avec deux gènes absents ou mutés) présente :
- Une probabilité de 25 % d’être malade (trois ou quatre gènes anormaux),
- Une probabilité de 50 % d’être porteur sain,
- Une probabilité de 25 % d’être sain ou avec un gène anormal.
Si deux gènes de l’alpha-globine manquent chez le père et qu’un gène de l’alpha-globine fait défaut chez la mère, chacun de leurs enfants présente une probabilité de 25 % d’hériter :
- De quatre gènes normaux (aucun type d’anémie) ;
- D’un gène manquant et de trois gènes normaux (porteur sain).
- De deux gènes « manquants » et de deux gènes normaux (ce qui provoque la maladie) ;
- De trois gènes manquants et d’un gène normal (hémoglobinose H) ;
La plupart des personnes qui souffrent d’alpha-thalassémie présentent de légers symptômes.
Bêta-thalassémie
La bêta-thalassémie provoque un excès en globines alpha qui forment des tétramères alpha globiniques (α4) au lieu de deux couples de chaînes alpha et deux couples de chaînes bêta.
Ces formations insolubles s’accumulent dans l’érythroblaste (jeune globule rouge) et interfèrent avec :
- L’érythropoïèse,
- La maturation cellulaire,
- La membrane cellulaire
La conséquence est l’anémie et la formation de globules rouges qui ne fonctionnent pas.
Deux gènes différents codifient les chaînes bêta.
En cas de manque ou de mutation :
- D’un gène seul, l’anémie est légère ou absente,
- Des deux gènes, les symptômes sont graves.
Le gène bêta-globine est localisé sur le chromosome 11.
L’enfant hérite de deux gènes de la bêta-globine (un de chacun de ses parents).
Si ces gènes manquent ou ils sont mutés, l’individu souffrira de bêta-thalassémie. Cela signifie que l’organisme ne produit pas suffisamment de chaînes bêta de l’hémoglobine.
- Comme il s’agit d’un gène récessif, les personnes qui ne portent qu’un seul gène muté sont des porteurs sains. Cette pathologie s’appelle bêta-thalassémie mineure et provoque une légère anémie.
- La mutation ou le manque des deux gènes provoque la bêta-thalassémie intermédiaire ou la bêta-thalassémie majeure (aussi appelée anémie de Cooley).
La forme intermédiaire provoque une anémie modérée, tandis que la forme majeure cause une anémie grave.
Si chacun de ses parents porte un gène muté, l’enfant présente :
- Une probabilité de 25 % d’hériter de deux gènes normaux (aucun type d’anémie),
- Une probabilité de 50 % d’hériter d’un gène muté et d’un gène normal (bêta-thalassémie mineure). Dans ce cas le patient peut avoir une anémie légère ou en cas de thalassémie mineure il n’a aucun symptôme,
- Une probabilité de 25 % d’hériter de deux gènes mutés (bêta-thalassémie majeure).
Quelle est la différence entre thalassémie majeure et thalassémie mineure ?
Il existe deux typologies de bêta-thalassémie : la thalassémie mineure (ou bénigne) et la thalassémie majeure (aussi appelée anémie de Cooley).
Thalassémie mineure : la personne a un gène muté ou absent (avec le gène d’une chaîne bêta normale). Le sujet est défini hétérozygote pour la bêta-thalassémie.
Les personnes qui souffrent de thalassémie mineure présentent une légère anémie qui se caractérise par une légère diminution du taux d’hémoglobine dans le sang.
Les personnes qui souffrent de thalassémie mineure présentent un taux normal de fer dans le sang et ne doivent suivre aucun traitement pour cette pathologie.
Thalassémie majeure (ou anémie de Cooley) : les individus qui souffrent de thalassémie majeure portent deux gènes mutés pour la bêta-thalassémie et aucun gène bêta normal. Le sujet est défini homozygote pour la bêta-thalassémie. Cela cause une production insuffisante de chaînes bêta.
La thalassémie majeure est une pathologie grave.
Le tableau clinique de la thalassémie majeure a été décrit par le pédiatre américain Thomas Cooley en 1925.
L’enfant qui souffre de thalassémie majeure apparaît sain à la naissance.
L’hémoglobine prédominante à la naissance est l’hémoglobine fœtale (HbF). L’HbF possède deux chaînes alpha (comme Hb A) et deux chaînes gamma (contrairement à Hb A). Comme le bébé ne présente encore aucune chaîne bêta, il est protégé à la naissance des effets de la thalassémie majeure.
Le favisme est une pathologie caractérisée par le déficit de l’enzyme glucose-6-phosphate déshydrogénase, ou G6PD. Dans certains cas, les personnes qui souffrent de cette maladie présentent une anémie accompagnée d’un ictère à cause de la destruction des globules rouges. Cela peut survenir lors de la consommation de fèves, de petits pois et de certains légumes, ou lors de la prise de certains médicaments, comme les sulfamidés ou ceux qui contiennent de l’acide salicylique.
Thalassémie pendant la grossesse
En général les femmes atteintes de bêta-thalassémie peuvent tomber enceinte de manière sûre.
Aujourd’hui les femmes souffrant de thalassémie majeure ou de thalassémie intermédiaire peuvent également avoir des bébés.
Les facteurs les plus importants qu’il faut évaluer sont la fonctionnalité cardiaque et la teneur en fer, à travers une résonance magnétique.
Symptômes de la thalassémie
Les symptômes de la bêta-thalassémie varient en fonction de la gravité de la maladie. Les porteurs sains ne présentent aucun symptôme.
Les individus qui souffrent d’une forme grave de thalassémie peuvent présenter les symptômes énumérés ci-dessous dès les premiers mois de vie :
Les personnes qui pratiquent un sport et qui présentent un taux d’hémoglobine inférieur à 9 g/dl peuvent remarquer une baisse de performance qui pourrait devenir importante.
Parmi les conséquences de l’anémie méditerranéenne, nous pouvons citer l’interdiction de donner son sang si les taux d’hémoglobine sont inférieurs à :
- 13,5 g/dl chez les hommes,
- 12,5 g/dl chez les femmes.
Diagnostic de la thalassémie
Étant donné que les symptômes apparaissent dès les deux premières années de vie, la thalassémie modérée et/ou grave est diagnostiquée pendant l’enfance.
Pour diagnostiquer la thalassémie, on a recours à des analyses de sang, notamment un hémogramme complet qui comprend :
- Les taux d’hémoglobine,
- Le nombre et la taille des globules rouges.
Les personnes qui souffrent de thalassémie présentent un nombre de globules rouges et un taux d’hémoglobine inférieurs à la normale ; chez les individus qui souffrent d’alpha/bêta-thalassémie, les globules rouges sont généralement plus petits.
Un adulte doit présenter des taux d’hémoglobine et d’hématocrite supérieurs à :
- Homme adulte – 13 g/dl d’hémoglobine et hématocrite à 39 % ;
- Femme adulte – 12 g/dl d’hémoglobine et hématocrite à 36 % ;
- Femme enceinte – 11 g/dl d’hémoglobine et hématocrite à 33 %.
La numération des réticulocytes (qui quantifie les cellules qui produisent les hématies) peut indiquer si la moelle osseuse ne produit pas un nombre suffisant de globules rouges.
En ce qui concerne le fer, les analyses de laboratoire indiquent si la cause de l’anémie est :
- Une carence en fer,
- La thalassémie.
Il ne faut pas confondre les taux de ferritine et le taux de fer contenu dans le sang car il s’agit de deux valeurs différentes.
Chez les sujets qui souffrent d’anémie méditerranéenne, la valeur de la ferritine peut être normale.
La résonance magnétique est un examen utile car il montre la quantité de fer accumulée dans le foie et dans le cœur.
La bilirubine indirecte (non conjuguée) est plus élevée chez les patients qui souffrent de thalassémie.
Les tests génétiques sont utilisés pour effectuer un diagnostic en cas d’antécédents familiaux d’alpha-thalassémie.
Pour diagnostiquer un cas d’anémie méditerranéenne avant la naissance, on peut effectuer une choriocentèse sur le fœtus dès la 10e semaine de grossesse. De cette façon, il est possible de savoir si l’enfant souffrira de thalassémie.
Comment traiter la thalassémie ?
Le traitement traditionnel de la thalassémie prévoit :
- Des transfusions sanguines,
- La chélation du fer.
Dans les cas les plus graves on peut effectuer :
- L’ablation de la rate,
- Une greffe de moelle osseuse.
La transfusion sanguine implique l’injection de globules rouges dans une veine pour rétablir les taux normaux de globules rouges et d’hémoglobine. Les transfusions doivent être répétées :
- Tous les quatre mois en cas de thalassémie modérée,
- Toutes les 2 à 4 semaines en cas de bêta-thalassémie majeure.
La chélation du fer est l’élimination de l’excès de fer dans le corps. Les transfusions sanguines peuvent provoquer une accumulation de fer dans le corps. Le traitement chélateur du fer doit être administré aux patients qui reçoivent des transfusions. Les médicaments utilisés pour la chélation du fer sont :
- La déféroxamine, liquide administré par voie sous-cutanée,
- Le déférasirox, comprimé à prendre par voie orale.
La splénectomie (ablation de la rate) peut être nécessaire chez les patients qui souffrent d’hémoglobinose H.
La greffe de moelle osseuse est le traitement le plus efficace. La compatibilité entre donneur et receveur a lieu lorsque le donneur présente les mêmes types de protéines (antigènes des leucocytes humains – HLA) que celles que l’on trouve sur la surface des cellules du receveur. Les greffes de moelle osseuse entre frères et sœurs donnent les meilleures possibilités de guérison.
Pour la majorité des patients qui souffrent de thalassémie, il n’existe pas de donneur compatible.
Les cellules souches de la moelle osseuse greffée commencent à produire de nouvelles cellules du sang.
Alimentation et régime alimentaire en cas de thalassémie
Les personnes qui souffrent de thalassémie doivent limiter leur consommation en aliments riches en fer.
L’absorption plus grande de fer dans l’intestin est une caractéristique de la thalassémie. On peut réduire l’absorption de fer des aliments en buvant un verre de thé noir pendant les repas, surtout en cas de thalassémie intermédiaire (Alarcon, 1979). Cependant, il n’existe pas de preuves qu’un régime pauvre en fer soit utile à la thalassémie majeure.
Il faut éviter seulement les aliments très riches en fer comme :
- Le foie,
- Le chocolat,
- Les légumes secs,
- Certains suppléments vitaminiques.
Il faut faire attention aux aliments pour les enfants, comme les céréales pour le petit-déjeuner et les suppléments multi-vitaminiques car ils contiennent du fer ajouté.
Calcium Beaucoup de facteurs de thalassémie provoquent l’épuisement de calcium, on recommande donc un régime riche en aliments contenant ce minéral.
Toutefois il est préférable d’éviter les suppléments pour éviter la formation de calculs.
Selon le régime du groupe sanguin la thalassémie se développe notamment aux pays méditerranéens car cette population a toujours mangé beaucoup de gluten.
Selon cette théorie dans la majorité des cas l’élimination des céréales qui contiennent le gluten peut réduire les symptômes, il faut donc éviter :
- Les pâtes,
- Les crackers,
- Les grissins,
- La pizza,
- Les biscuits,
- Le farro,
- L’orge,
- L’avoine,
- Le kamut,
- Le sorgo.
Quel est le pronostic chez les patients qui souffrent de thalassémie ?
Les patients qui souffrent de thalassémie modérée présentent de bonnes chances de survie, à condition qu’ils se soumettent aux traitements nécessaires (transfusions et chélation du fer). L’accumulation du fer représente la cause principale de décès chez les patients qui souffrent de thalassémie ; c’est pourquoi la chélation du fer est extrêmement importante. La greffe de moelle osseuse peut soigner définitivement un cas de thalassémie.
Prévention de la thalassémie
Les sujets porteurs sains de bêta-thalassémie doivent connaître les risques liés à la procréation avec une personne qui souffrirait de la même mutation génétique.
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