L’entorse à la cheville est une blessure qui consiste en la rotation violente ou trop rapide de l’articulation. C’est la blessure la plus fréquente dans la plupart des sports.
Presque tout le monde pense que qui dit entorse, dit étirement des ligaments et inflammation de la cheville.
En réalité, les ligaments sont robustes et il est en effet plus probable qu’une “entorse” provoque une fracture de la malléole par déchirure, c’est-à-dire que le ligament reste intact mais qu’il tire violemment l’os et le rompe.
Dans le cas d’une entorse légère, la majeure partie des patients guérit complètement avec un traitement approprié, mais dans certains cas, il se peut qu’il reste une certaine condition d’instabilité, de douleur ou de rigidité. De plus, il peut y avoir des récidives.
La douleur se ressent dans la zone supérieure externe du pied et éventuellement dans la région médiale (interne). Dans de rares cas, elle est ressentie au niveau du tendon d’Achille, qui coïncide en effet avec les ligaments touchés.
Le ligament talo-fibulaire antérieur est très résistant. Il est possible qu’un étirement lors d’une entorse provoque une fracture du péroné par déchirure, c’est-à-dire que le ligament cause un détachement parcellaire d’une partie de l’os.
Comment classifie-t-on les entorses à la cheville?
L’entorse la plus fréquente de toute est celle en supination et en flexion dorsale (inversion) pour des motifs anatomiques. Le péroné atteint un niveau plus bas comparativement au tibia. En effet, quand on essaie de mettre le pied en pronation (le tourner vers l’extérieur), on atteint très rapidement cette barrière osseuse. A l’inverse, la rotation vers l’intérieur (supination) est seulement limitée par la résistance des ligaments.
Les entorses sont classifiées sur base de l’importance de la blessure :
1er degré : étirement des ligaments et des tendons sans lésion;
2ème degré: lésion partielle des ligaments;
3ème degré : lésion totale d’au moins un ligament;
Quelles sont les causes de l’entorse à la cheville ?
L’entorse est provoquée par l’appui sur la partie latérale du pied qui cause une violente rotation externe et une supination de la cheville (inversion). Il est rare de rencontrer une personne qui a subi un étirement en éversion, c’est-à-dire que la cheville se tourne vers l’intérieur.
Les éléments qui prédisposent à avoir une entorse sont :
- L’instabilité due à une précédente entorse.
- Les impacts après un saut.
- Un traumatisme par contact physique (football).
- Terrain de jeu irrégulier.
Lors d’entorses graves, un tendon des muscles péroniers peut être endommagé, ceux situés dans la zone latérale de la jambe, ou bien une tendinite- ténosynovite traumatique. Les péroniers (péronier court, péronier long et le troisième fibulaire) sont étirés lors d’une entorse classique de la cheville en inversion.
Généralement, les entorses de la cheville se produisent chez les enfants, les jeunes sportifs et les jeunes filles qui portent des talons, mais elles peuvent se produire chez tout le monde.
Quels sont les symptômes ?
- Douleur à la cheville dans la zone antérolatérale, entre la malléole externe et les 3 derniers orteils, douleur qui peut être légère mais également insupportable
- Instabilité de déambulation
- Boiter lors de la marche
- Impossibilité de charger le poids du corps sur le pied (dans les cas graves)
- La cheville et le pied enflés
- Le plâtre et le strapping peuvent causer des démangeaisons ou des brûlures s’ils sont trop serrés.
Comment effectuer le diagnostic ?
Le diagnostic est absolument clinique, le médecin contrôle les antécédents médicaux du patient qui est dans ce cas très simple. Le sujet doit expliquer comment il s’est fait l’entorse ou le traumatisme au le médecin. Cela est suffisant dans la plupart des cas.
L’observation du pied montre un œdème (gonflement) et dans la phase post-aiguë, vous pouvez voir les taches violacées qui représentent l’hématome causé par la rupture des capillaires.
Le médecin prescrit une échographie musculo-squelettique pour vérifier s’il y a des lésions aux tendons ou aux ligaments brisés seulement dans les cas graves.
Comment soigner une entorse ?
Le problème que je rencontre quotidiennement est la conviction que les entorses guérissent avec une immobilisation et sans charger le poids sur le pied pendant deux semaines. Souvent, je vois des athlètes qui, après 10/15 jours à compter de l’accident ne sont pas encore en mesure d’appuyer le pied et n’arrivent pas à le bouger comme s’il était bloqué.
Toute entorse est différente l’une de l’autre, et donc nécessite un traitement personnalisé indiqué par le kinésithérapeute ou par un orthopédiste, voici les grandes lignes.
Le traitement initial consiste à suivre le protocole «RIZ»: repos, cryothérapie (glace), compression et élévation du membre pour favoriser la réabsorption des liquides due à l’inflammation.
En général, on applique des compresses d’argile humide, qui servent à faire dégonfler la cheville.
Parmi les anti-inflammatoires et les analgésiques naturels, la pommade à l’arnica, une pommade avec la griffe du diable et un gel à l’aloès vera peuvent être utile.
Parmi les remèdes pour les chevilles enflées, un bandage avec de l’oxyde de zinc est très utile lors d’une phase aiguë afin de réduire le gonflement.
La glace s’applique trois fois par jour pendant vingt minutes, mais on ne peut pas la maintenir en contact avec la peau pour éviter les brûlures. Il faut mettre 3-4 cubes de glace dans un verre d’eau et ils sont mis dans un sac de glace qui peut être en contact avec la peau. La cryothérapie a un effet anesthésiant, diminue le tonus musculaire et a une action de vasoconstriction, ce qui réduit considérablement les conséquences de l’inflammation.
Ce traitement doit être effectué tant que le pied est rouge et chaud. Elle est généralement recommandée pendant les premières 24/36 heures, après cette période, insister avec la glace ralentirait le processus de guérison des tissus.
Médicaments
Afin de réduire temporairement la douleur, l’inflammation et l’épanchement (gonflement), le médecin peut prescrire des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’ibuprofène (Brufen ®), le diclofénac (Voltarène ®), kétoprofène (Lasonil ®, Ketum ®) ou le naproxène (Naproxene sodique eg, Apranax ®).
Quand opérer ?
La chose la plus importante pour la rééducation après une entorse est de commencer le plus tôt possible une prudente activité car il est scientifiquement prouvé que le mouvement accélère la guérison, tandis que l’immobilisation la ralentit ou même la bloque. Si le ligament est complètement détruit, tout le monde n’est pas d’accord sur la nécessité d’une intervention.
Les défenseurs de la chirurgie disent qu’en ne suivant que le programme de kinésithérapie, il pourrait rester une instabilité résiduelle.
Les partisans du programme de rééducation grâce à la thérapie physique et aux exercices disent qu’une opération éventuelle comporte des risques et des contre-indications évitables ainsi que la formation d’adhérences.
Kinesio taping
Le Kinesio Taping pour l’entorse à la cheville et la cheville gonflée : Action : drainante. Forme : Deux bandes en éventail. Longueur: 25cm. Appliquer les bandes de manière à former un double éventail croisé sur la cheville. Positionner en étirement la cheville et appliquer sans tension.
Le bandage fonctionnel est indiquer pour redonner stabilité à la cheville et pour permettre aux athlètes un retour plus rapide à la compétition, il est également utile pour éviter de nouvelles entorses. Le taping (bandage) a une action mécanique, antalgique et psychologique ; il limite certains mouvements dangereux parce qu’il se «superpose» aux ligaments blessés en diminuant le risque de récidive.
Les bandes servent seulement aux athlètes qui veulent recommencer à courir avant la guérison complète.
Souvent, je vois des gens qui viennent au cabinet médical et me demandent : pourquoi ai-je toujours des douleurs au pied après 2 semaines ou 1 mois du jour de l’entorse ?
Il est normal que la douleur persiste malgré le repos, le problème est que le blocage de l’articulation ne permet pas de bouger la cheville correctement.
La kinésithérapie
Dans la très grande majorité des cas, la kinésithérapie consiste en une thérapie manuelle, ou plutôt une manipulation pour débloquer les articulations, en particulier celle entre le tibia-péroné et l’astragale, mais dans certains cas, pour guérir les patients, j’ai dû également manipuler le et genou et le talon.
Certaines entorses du 3ème degré nécessitent une botte en plâtre ou une orthèse pour 3/4 semaines parce que, selon de nombreux auteurs, on peut éviter la solution chirurgicale. Beaucoup de patients ne se font pas opérer et n’utilisent pas de plâtre ou de attelle, mais reviennent à l’activité physique après 2/3 mois.
Ceux qui subissent une intervention chirurgicale, ont besoin d’un programme de rééducation de 5 à 8 semaines, et, après au moins 4 mois peuvent reprendre les entrainements des sports qui comportent le plus de risque (football, volley-ball, basket-ball, etc.).
Avec la cheville bloquée dans le plâtre ou par une attelle, il faut effectuer des contractions isométriques, c’est à dire en l’absence de mouvement, de 5-10 secondes qui permettent de limiter la perte de masse musculaire due à l’immobilité.
La première phase dure une à deux semaines à partir de la blessure ou du moment où on enlève le plâtre, dans les cas où l‘immobilisation est rendue nécessaire. Au cours de cette période, en fonction de la gravité de l’entorse, vous pourrez charger partiellement une partie du poids du corps sur le membre blessé, afin d’éviter les récidives ou les exacerbations algiques.
Au cours de cette période, le médecin peut recommander l’utilisation d’une canne, de béquilles ou de cannes Canadiennes.
La Rééducation proprioceptive.
La rééducation proprioceptive est la récupération du sens de la position des membres inférieurs et du corps, en pratique, il sert à récupérer l’équilibre et la sécurité lors des mouvements de la vie quotidienne et pendant le sport. L’activité proprioceptive est certainement la plus important, certains kinésithérapeute traitent l’entorse à la cheville presque exclusivement de cette manière. Après un traumatisme comme une entorse ou une fracture, il n’est pas suffisant de récupérer l’élasticité et la force musculaire des membres inférieurs, il faut améliorer l’équilibre et le contrôle postural statique et dynamique afin d’éviter une récidive. A cet effet, est née la rééducation proprioceptive qui se fait en maintenant des positions ou en effectuant des exercices avec l’aide de matériels qui rendent difficile le maintien de l’équilibre.
Dès que l’on peut appuyer la moitié de son propre poids sur la cheville blessée, le premier traitement à effectuer est constitué par des exercices proprioceptifs au sol, sur des plateaux instables ou sur des coussins mous.
Le renforcement musculaire et la récupération du mouvement
Dans les premières phases de la rééducation, il faut faire des exercices d’étirement (stretching) avec précaution pour maintenir l’amplitude des mouvements de flexion-extension.
En ce qui concerne le renforcement musculaire il faut contracter de façon isométrique le mollet et les muscles dorsaux en plus d’exercices avec le poids du corps.
La chose la plus importante est de respecter le seuil de douleur pendant le déroulement de la kinésithérapie, si on exagère avec les exercices, on peut réactiver la douleur en plus de rendre insupportable le traitement pour le patient. On peut faire des bains de contraste en plongeant un pied d’abord dans une bacine avec de l’eau à 16° et puis directement après dans une autre à une température de 41° environ.
Cette thérapie a une action alternative de vasoconstriction-vasodilatation qui fait un effet de pompe en améliorant la circulation sanguine e en accélérant la réparation des tissus.
La deuxième phase de la rééducation dure de 2 à 4 semaines, selon la rapidité de récupération et se poursuit avec :
- Exercices pour l’équilibre e proprioceptifs plus difficiles;
- Renforcement musculaire avec de plus grandes charges;
- Déambulation avec changements de rythme et de direction.
Pour le renforcement musculaire, on effectue d’abord des exercices pour le renforcement du triceps sural: (jumeaux et soléaire) en chaîne cinétique fermée qui peuvent être faits sur une presse de musculation pour les jambes, avec des flexions sur la pointe des pieds ou contre la résistance d’élastiques.
Pour améliorer la coordination et l’équilibre, il est conseillé un programme de déambulation sur les talons et sur les pointes de pied, avec des changements de direction et de rythme.
La phase de rééducation inclue également des activités sportives qui ne comportent pas de risques particuliers comme : le cyclisme, la natation ou l’aviron.
Quels sont les temps de récupération ? Combien de jours dure-t-elle ? Souvent, je vois des personnes qui viennent au cabinet médical et me demande : pourquoi ai-je encore mal au pied 2 semaines ou 1 mois après m’être fait l’entorse? Il est normal que la douleur persiste malgré le repos, le problème est le blocage de l’articulation qui ne permet pas de bouger correctement la cheville. Le retour à la compétition dépend de la gravité de l’entorse et du type de soin effectué. Les entorses légères peuvent guérir seules en peu de jours.
Si on effectue seulement des thérapie instrumentales comme la Thérapie Laser, la Magnétothérapie ou les ultra-sons, il est très difficile qu’elle guérisse complètement, de plus, le risque de rechute est très grand.
Les résultats les meilleurs, je les ai obtenus avec la thérapie manuelle e l’ostéopathie accompagné d’une rééducation proprioceptive. Dans ce cas, après deux semaines de traitement, un patient qui n’arrivait pas à appuyer le pied à cause de la douleur retrouve la capacité de courir, sauter et reprendre les entrainements de manière progressive.
Une entorse à la cheville non soignée ne guérit pas toujours avec le repos.
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